Ne surtout pas prendre les chemins de traverse. Ne surtout pas
prendre les chemins de traverse. Ne surtout pas prendre les chemins de
traverse. Ne surtout pas prendre les chemins de traverse...
C'est ce qu'elle se répétait sans pause en regagnant le parking souterrain du supermarché.
La
matinée, à l'image de ce qui semblait bien être sa vie entière, avait
été sombre, sans goût, transparente et quasi insipide... à cela près
qu'elle venait de se terminer par une gigantesque explosion à
l'intérieur de sa tête.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3NwiOPAAIHfkqC25pt2VORdMIS7ABsFO9MsjaeK3aAZ7XcX0Ky0aseYIudUUkWLPBGhm2FmQLaWM36xEuycuP2T2t8AYoHJsCAoMZnSp4fIA3JaOEZuT_eL0S9ObnixGc3F8FyK_o8R8/s640/46357409_270148033693279_2821696297108316245_n.jpg)
Une explosion d'évidences, en habits de fête, faisant suite à d'interminables questionnements bombardés de peurs, venait d'avoir lieu. Tout autour, durant toutes ces années, la vie avait continué. Le monde avait poursuivi sa course folle, entraînant avec lui des milliards d'humains installés dans des trains dont on ne connaît pas la destination.
Sa vie avait subi de sacrées
secousses,des pannes interminables, des arrêts d'urgence au milieu de
trajets au long cours, des heures d'errance sur les quais de gare de
villes inconnues. Les idées penchées au bord du vide, elle avait failli
plus d'une fois sombrer dans le néant. Mais elle s'était accrochée comme
elle avait pu au siège de la locomotive. Ne renonçant jamais à vivre
malgré tout.
Mais ce midi avait belle allure. De même que sa
démarche. On voyait à sa trajectoire qu'elle n'était vraiment plus la
même. Des années d'errance. Une explosion. Une métamorphose. Une
rencontre incongrue d'elle avec elle-même.
Ne pas rester en plan
une seconde de plus. Accuser les coups, abolir les trous béants laissés
par d'infertiles luttes. Il s'agit désormais de vivre. Enfin. Elle est
bien plus forte que ce ramassis de peurs anesthésiantes. Il est temps
qu'elle prenne les commandes, en laissant derrière tout ce qui,
finalement n'était pas elle.
L'heure a sonné, les horloges
tournent à une vitesse folle, le temps s'emballe. Ca lui flanque un
vertige pas possible, une euphorie incroyable. Ses idées prennent vie,
enfin. Elles s'insinuent dans chaque pore de sa peau, au creux de son ventre, à l'intérieur de ses mains.
Elle vient de faire un bond en avant phénoménal, réveillée en sursaut d'une vie complètement endormie.
Ne surtout pas prendre les chemins de traverse et emprunter les détours, les trajectoires non balisées, se risquer à être vraiment. Quitte à se faire mal. Voilà le voyage qu'elle souhaite accomplir jusqu'à la dernière gare.
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