A coups de mots.


Un jour d'hiver, 7H du matin.
Vous me dégoutez avec votre bonheur. Je suis vidée. La nuit ne m'a amenée nulle part puisque j'ai choisi des rêves impossibles à franchir. Tout est de ma faute. Je plaide coupable. Avec conscience et dignité.
Mon corps vient d'atterrir violemment sur le sol de ma Réalité et j'ai mal. Ce n'est pas la peine d'essayer de m'embarquer ailleurs. Je ne saisirai pas votre main tendue vers le vide. Je ne serai pas celle la, pas cette fois ci. Pas celle qui meurt une millième fois de vivre trop. Le sol n'a fait que m'engloutir, il ne m'a pas anéantie.

10H
Les heures m'emportent doucement vers la voie du réel. Contraintes, incertitudes et angoisses entaillent discrètement mes veines. C'est une douleur qui hurle silencieusement. J'ai mal d'exister dans les ruines de ce monde que je ne parviens pas à comprendre. Je n'en connais pas les règles du jeu. J'habite l'espace comme une étrangère refoulée. Mes jambes sont les racines d'un arbre asphyxié, condamné par les caprices du vent.

13H
Dans la rue s'immiscent les bruits de la vie: les voitures, les rires et les cris d'enfants inondent l'espace. Je m'y insinue timidement. Comme une note rehaussée d'un bémol et je me laisse porter.

16H
Le soleil est entré dans la pièce sans frapper. Le vermillon des murs devient à lui seul une caresse. Et mes yeux n'ont de cesse d'y puiser la force et le réconfort. C'est comme si la douceur du monde se frottait à mes pensées, jusqu'à prolonger le désir ardent de mes mains.

20H
Le sombre a vaincu. Les couleurs ont déposé les armes. Je ne suis pas indemne: des cicatrices jalonnent chaque partie de mon corps. Je frôle les murs de la ville pour m'y sentir exister. Je ne cherche rien, je veux juste devenir Moi, avec un grand M : un moi fort et ancré dans ses valeurs. Je veux le ressentir dans chacune de mes cellules.
Tout s'agite à l'intérieur, c'est l'explosion silencieuse de mes dégoûts existentiels.

22H
Il n'est presque pas encore la nuit. Rien n'est perdu. La douleur du corps s'apaise peu à peu, respiration après respiration. Celle du coeur hurle encore dans un vacarme assourdissant.
Je sais qu'une révolution est en marche. Une révolution lente, sans tambour ni trompette, sans maquillage et sans artifice. Une révolution qui n'a pas l'allure d'une guerre. L'heure du changement n'est pas bien loin. Chaque pas supplémentaire m'amène vers l'ultime instant. Je crois bien que je suis une promesse de rêve, une rime qui se cherche.

Minuit
Points de suspension dessinés sur le corps. C'est doux et chaud comme un sourire d'hiver. Cette nuit ne sera pas vaine. Il y en aura d'autres, bien plus audacieuses et bien plus insensées encore. Je sens que l'imaginaire me porte à nouveau vers un ailleurs salvateur.
Je sens que les mots soignent depuis toujours mes cicatrices mal refermées.

Je suis enfin un livre à écrire. 





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