orchidoclaste


"J'ai marché toujours un peu plus loin. Loin des arracheurs de dents, fuyant de mon mieux les bourreaux de cœurs. Peuplé de pisseux, les prétentieux et les tire-au-flanc, j'ai marché loin de ce monde jusqu'à m'en saigner les pieds. Qu'on m'explique où avancent les grandes gueules aux allures de pacotilles. Qu'on me montre le chemin pour que je m'en éloigne. Qu'on me case au milieu des kiosques à musique, poussiéreux, abandonnés au milieu des parcs et j'observerais les grandes dames artificielles qu'on dit belles à regarder.

Alors je hurlerais pour arrêter le temps, pour stopper cette vie et vos idéaux. Une névrose poussive me force à vomir ce lunatique stéréotype. Je décide donc de terrer mes colères et mes dégoûts aussi profonds, sont-ils, dans un silence lunaire, comme un bouclier qui me cache de tout ce qui bouge et qui est laid. Rêves et trêves s'embrassent, s'enlacent. Puis d'un seul point, me guide sur les boulevards de la passion et de la tentation. J'efface et je retrace les brouillons de pensées qui tentent de me barrer le chemin. Halte, on ne passe pas, nous sommes les idées malfaisantes de cette vie, et tu dois payer le prix fort. Recroquevillé comme le dernier chien errant des rues, je ravale l'amertume façade grise qui se dresse devant moi pour laisser place à la saveur invisible du temps suspendu dans les airs, simple et sublime. Pâle comme un Chinois propre, je pousse ma carcasse non sans peine sur ce bitume si épais qu'il est difficile d'y voir la fleur qui pousse sous le goudron. Quand l'amuseuse, cousine de la faucheuse, s'approche de moi à grands pas, hululant ses lalala et mâchonnant ses hahaha, mutante de mes nuits agitées et de mes jours apaisants, elle ouvre sa valise et me montre sa collection de masques. 'Choisis-en un" me dit-elle. Ne reste pas nu et protège toi. Pour contourner tes peines et les bleuâtres de tes maux, détrône ce que tu as toujours pris par surprise. Change de masque et piétine ta laideur pour repartir sur les bons chemins de ta vie. Ok. Elle repartit vers d'autres âmes en peine. Pendant ce temps, mon petit corps tremblant avance en équilibre sur le fil de mes vies rêvées. Un courant d'air souffle derrière mon dos et veut me faire tomber, m'écraser pour me retrouver au milieu de ce peuple artificiel. À la première porte qui s'ouvre à deux battants, je m'y glisserai. Les murs de cette chambre seront blancs et empreints de mon ombre qui se ballade, luminescente. Je vais rester là, à dessiner à l'encre de la sueur de ma folie, et attendre la nuit. Une fois les murs repeints, l'équilibre sera rétabli. La faucheuse ne dort jamais, paraît-il. Au loin, je les vois, il y a les moqueurs et les prétentieux, les morts-vivants et les excentriques. Une rue courante, et je ne cherche pas plus loin, un choix bon marché, mais je suis toujours vivant et heureux."





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