L'ogre, voleur d'étoiles.


Il était une fois, l’histoire d’un ogre borgne qui ne supportait pas la vue des étoiles.
Ces dernières étaient pourtant très belles, et brillaient une fois la nuit tombée.
Pourtant, l’ogre trouvait cela moche, sans intérêt et surtout ça lui causait des soucis.
Il rouspétait sans cesse :
« - Ces étoiles m’insupportent. Elles illuminent beaucoup trop la nuit, pour que je ne puisse me déplacer sans difficulté. »
Et oui, constamment chassé par les villageois, l’ogre ne se déplaçait que la nuit, lorsque celle-ci était suffisamment sombre et que l’on n’y voyait presque rien.

Un jour l’ogre en eut par-dessus la tête.
Il organisa un plan diabolique pour voler toutes les étoiles et enfin être tranquille la nuit.
Une à une, il les décrocha du ciel. Ce fut long, mais une fois son forfait accompli, le ciel fut vidé de ses étoiles.

Les villageois ne réagirent pas de suite, trop occupés à dormir ou à chasser l’ogre.
Mais p’tit Gwendal lu,i s’inquiéta dès la première nuit.
« - C’est bizarre, ce soir il n’y a pas de nuages, il devrait y avoir des étoiles et pourtant non… »

P’tit Gwendal aimait regarder les étoiles. Car parmi elles, il y avait sa maman. Et toutes les nuits il pouvait lui parler, lui raconter sa journée.
La nuit suivante, P’tit Gwendal accourut dans la forêt à la recherche d’une réponse à ce mystère. Il y rencontra l’ogre qui le dévora aussitôt.

Coincé dans l’estomac de l’ogre où il faisait très noir, P’tit Gwendal alluma une torche et se mit à taper sur la peau du ventre.
Tamtamtamtamtam…

L’estomac un peu lourd, l’ogre vit une légère fumée s’échapper de ses narines et de ses oreilles et se mit à tousser, tousser et encore tousser, tellement fort que P’tit Gwendal fini par être éjecté en dehors du gros ventre de l’ogre.
» toi !!! C’est toi qui a fait du feu dans mon ventre ? » cria l’ogre.
« -oui, il faisait si noir et je ne voulais pas être mangé. J’ai une mission à accomplir »

L’ogre se gratta le front, haussa les sourcils et se mit à réfléchir… « si je le remange et que je ne le digère pas rapidement, ce petit diable va encore faire des siennes dans mon estomac… »
L’ogre fixa l’enfant dans les yeux et poussa un horrible cri pour le faire fuir. En vain. P’tit Gwendal légèrement décoiffé et le visage dégoulinant de bave d’ogre ne bougea pas.
« - Quoi ??? pourquoi restes-tu là ? v’a t’en !!! » hurla l’ogre.
« - Non ! je veux d’abord savoir où sont passées toutes les étoiles »


—- deuxième partie.

« -Tu veux parler de ces horribles choses scintillantes qui nous brûlent les yeux ? »
« - Non, je te parle de ces merveilleuses lumières qui illuminent mes nuits et me permettent de voir celle qui me manque tant ! »
« - Mais comment peux tu imaginer que ta maman serait devenue une étoile ? »
« - Je le sais, c’est comme ça, ces choses là ne s’expliquent pas, ces choses là on les ressent quand on aime très fort, voilà tout »

Interloqué par l’émotion qui jaillissait des yeux du petit garçon, l’ogre eut soudain un remord …En essayant de sauver sa propre vie, il brisait le cœur de P’tit Gwendal …
Comment avait-il pu ignorer à ce point le pouvoir des étoiles ? Comment avait-il pu ôter au monde entier le pouvoir de rêver, de s’émouvoir et d’imaginer ?
A cause de ce geste trop brutal, il avait peut-être tué les poètes, les écrivains, la musique et les tableaux …
Une pensée lui revint soudainement : en plus des étoiles, il avait aussi décroché la lune, cette chose beaucoup trop luisante pour le laisser se déplacer en paix dans la forêt …cette chose qu’il avait jetée négligemment sur le bord d’un trottoir ce soir de rage et de peur …
L’heure n’était pas au repentir … à cet instant précis, dans le monde entier, les lettres des livres s’envolaient, les notes de musique devenaient muettes et les crayons à papier invisibles …

» – Si tout se passe comme je veux, P’tit Gwendal, dans une heure je serai de retour avec la lune et les étoiles dans les mains. Ne bouge surtout pas d’ici, ferme les yeux, ne les ouvre surtout pas jusqu’à mon retour… »
» – Mais je ne veux pas rester seul ici … je ne peux même pas le dire à ma maman puisque tu le l’as enlevée ! »
« - Ferme les yeux, je te dis, à l’intérieur, tu y trouveras une chose merveilleuse, une chose que chacun d’entre nous possède mais ne le sait pas toujours : le pouvoir de rêver … Avec le souvenir de la lune et de tes étoiles, ton cœur peut construire des merveilles dans ta tête … Accroche-toi à ces rêves jusqu’à mon retour, ils te tiendront chaud »

L’ogre n’avait pas fini son discours qu’il était déjà passé de l’autre côté de la forêt …
Dans sa maison baignée par la nuit, il se rua sur ce coffre fermé à triple tour dans lequel il avait enfermé les étoiles. Il l’ouvrit et découvrit des polygones à cinq branches, sans lueur et opaques … Privées de l’oxygène de la nuit les étoiles s’étaient éteintes …
L’ogre ne perdit pas espoir, il sentait bien que ce P’tit Gwendal l’avait ému et que désormais, il voulait l’aider et reconstruire pour lui un ciel étoilé. Il saisit le trésor et courut chez Loïc, le peintre du village qui avait fait des merveilles avec ses mains et ses pinceaux.

« - Loïc, il faut que tu m’aides. Je t’expliquerai plus tard, mais voudrais-tu me peindre ces étoiles avec la couleur la plus lumineuse et argentée que tu possèdes ? Cela est très important pour moi »
« - Je ne sais pas si j’aurai suffisamment de peinture pour en couvrir toute la surface, mais il me reste de la poudre d’argent, cela devrait faire l’affaire »

En quelques minutes, les étoiles avaient retrouvé leur éclat si particulier. Ne restait plus qu’à remettre la main sur la lune qui devait elle aussi avoir souffert de l’absence de ses voisines …
Il la trouva là, dans le caniveau, agonisant, presque éteinte, en sursis … Mais à la vue des étoiles, ses compagnes de la nuit, elle retrouva toute sa splendeur et toute sa poésie.
L’ogre, déjà heureux, les mains et les poches pleines de ces trésors lumineux, se mit à courir pour annoncer la bonne nouvelle à son ami le P’tit Gwendal.
Il le trouva là, les yeux toujours fermés, mais le sourire aux lèvres … Ses rêves l’avaient emmené loin, très loin, si loin qu’il avait pu toucher et sentir le parfum des cheveux de sa maman…

« - P’tit Gwendal, tu peux maintenant ouvrir les yeux… »

Ce que vit le petit garçon n’avait pas de nom … Un nuage de lumière entourait la silhouette de l’ogre et la lune se tenait là, tout près de ses doigts … Il pleurait, pleurait de voir ces lueurs aux couleurs si chaudes et si réconfortantes …
Ils soufflèrent très très fort sur ces trésors retrouvés et le vent les aida dans cette entreprise pour le moins difficile mais enivrante ….
Quelques minutes plus tard, le ciel s’éclaira à nouveau … La lune était là, majestueuse et avait retrouvé sa place dans le ciel. Les étoiles quant à elles, luisaient comme jamais dans cette nuit magique.
Les mots, les notes et les crayons se mirent à créer des formes et des phrases si belles que la lune, un moment, en rougit … Elle était rousse et belle comme jamais …
Pour remercier l’ogre d’avoir accompli ce grand miracle, P’tit Gwendal lui offrit des lunettes et un grand manteau noirs pour passer inaperçu même par la nuit la plus claire …
Et chacun pu retrouver son étoile, chacun pu recommencer à rêver grâce à ce ciel tellement beau, tellement infini que désormais tous les possibles et même tous les impossibles étaient permis …



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