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Les lumières s'éteignent et un tonnerre d'applaudissements gronde sous le chapiteau. Ce soir, c'est sa dernière révérence. Les projecteurs se rallument et se dirigent vers lui. Au milieu de la piste, il se tient là debout, seul face à des centaines de regards. Il réalise, il se courbe pour saluer la foule, et lâche une larme. Combien de fois a t'il répéter ce geste ? Combien d'enfants a t'il fait rire ? Combien de gens ont applaudi pour lui ? En quelques fractions de secondes, un flash de cinquante ans défile à toute allure dans sa tête.
Encore une révérence. La dernière. C'est fini. Il se retourne et laisse sa raison de vivre derrière lui. Son maquillage dégouline sur son visage. Avant de ne plus fouler le sol de la scène, il jette un dernier regard derrière lui, et s'engouffre derrière le rideau. Avec des gestes tremblant, lourds de chagrin, il se démaquille. Assis devant le miroir, ses yeux se perdent dans le vide de son reflet. Il tombe le masque. Comme on arrache le cœur d'un vivant. Le masque de sa vie. La seule qu'il est vécu. Et maintenant ? Trop vieux, fini, sa prochaine compagne de route, sera sa valise.
Sur les affiches et les photos collées à l'intérieur de sa roulotte, ils regardent les visages de ceux qu'il a connus. Des gens du passés ayant croisé son chemin. Des gens disparus, des gens oubliés. Des gens d'une autre vie. Il a beau chercher, il ne sait pas où aller, ni quoi faire, ni qui aller rejoindre. Donner sa vie aux autres, se donner entièrement en échange de quelques rires d'enfants, juste ça, trois fois rien... Il n'aura rien fait d'autre. C'était toute sa vie...
Assis devant le miroir, son visage est nu. Un visage de vieux laid qu'on abandonne, il le regarde en jurant face au temps qui vient de cesser trop brutalement. Ravalant une gorgée de tristesse, il lâche un sourire et commence à se remaquiller. Il a beau scruter son passé, regarder le visage un à un de tous ces gens comme s'il espérait une dernière main tendue... Il était gentil, incroyable, drôle et fou, maintenant, il est seul. À l'évidence, le passé ne se rattrape plus et le temps lui force de mettre un pied dans l'inconnu. Et ça il ne le veut pas. Même à son âge, la raison ne sera jamais plus forte que le cœur.
Au bout de cette corde, il jette un dernier regard sur le chapiteau que l'on peut voir à travers la fenêtre. Les lumières ne sont plus allumées et le clown est mort ce soir dans un dernier rire.
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