17H43 .... Des dizaines de sons, d'images, de mots à la seconde percutent mes oreilles....Trajectoire respectée, ce n'est pas le jour pour flâner :les passants ont décidé de marcher vite, certains d'entre eux ont les mains pleines de sachets, d'autres se tiennent encore par la taille l'air rêveur et amoureux ... Tiens, là bas, il y en a deux qui s'embrassent ..et là, plus près, ce gamin vient de voir un jouet Car's et a décidé de faire connaître son sentiment énorme de frustration à toute la population ....et puis là, juste là, il y en a deux qui sont restés assis, c'est bizarre, ils ne courent pas les mains pleines, eux ... Ils sont assis, juste derrière une pancarte "J'ai faim" .... Drôle de monde, où toutes les contradictions se côtoient . Aux galeries Lafayette, je suis interpellée par son regard tout brillant ...Elle se jette sur LA robe de ses rêves, toute volantée, elle a la joue contre le long jupon de tulle et elle ferme les yeux.Son homme a déjà rejoint les escalators, mais elle le rappelle, en proie à une tentation immense... La robe est chère, très chère ...Il lui dit juste que ça fait vraiment trop "soirée" ...J'imagine que c'est ce qu'elle veut elle, du haut de ses 20 ans ... Je me suis réfugiée dans une cabine ... ce bandeau me donne vraiment trop chaud, et je ne me sens pas très bien dans cette foule compacte et agitée .... De là, j'entends des rires, des coups de téléphone, des débats interminables sur qui achète quoi .... Je fais partie de cette foule à la dérive ...dans cette société ultra consumériste où trouver ce qui fera plaisir à l'autre est une véritable épreuve ... Ca ne serait pourtant pas compliqué de renoncer à tout ce folklore, ça ne serait pas compliqué d'offrir à ces deux là, assis par terre, de quoi se restaurer ... Je me sens lâche ... parce que cette facilité là, je ne m'en suis pas emparée pour faire un geste simple : faire demi-tour, regarder ces deux là droit dans les yeux et leur dire que j'ai presque honte de faire partie de cette course infernale aux cadeaux .... Je suis fatiguée, mal à l'aise ...Pourtant, j'avais décidé de me fabriquer mon Noël à moi cette année ...Bien plus qu'à l'habitude, j'ai besoin de me rapprocher davantage de ceux que j'aime, de le leur dire .Après toutes les épreuves traversées ces derniers mois, c'est normal finalement: d'une chambre d'hôpital, Noël a une toute autre saveur ...on en rêve comme d'un cocon tout doux, sécurisant. Alors peut-être que c'est finalement le moment d'être plus créatif et imaginatif que jamais .... C'est le moment de s'inventer un Noël dans lequel on se retrouve, un Noël qui vient du cœur quoi ...
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