J'avais revu tantôt l'un, tantôt l'autre, des rêves que j'avais bâtis dans ma vie, et je finissais par me les rappeler les yeux clos, dans la chaleur de cet endroit que mon coeur jugeait hostile et tellement étranger; rêves nocturnes où j'embarquais sur des terres inconnues, bordées de paysages fantastiques et intrigants qui me laissaient à chaque fois l'impression, au réveil, de revenir de nulle part, où je côtoyais des visages étrangers, crées de toutes pièces par ma conscience endormie, visages terrifiants, attachants ou troublants, mais qui toujours s'échappaient le jour venu pour ne laisser qu'une empreinte subtile dans ma mémoire, visages sans identité mais pleins d'âme, et où mes plus grands espoirs comme mes plus grandes angoisses se diluaient dans des scénarios bâtis de toutes pièces par mon imaginaire pétillant; rêves éveillés où dès les premières lueurs du jour j'aimais m'abandonner, histoire de retarder un tête à tête douloureux avec mes réalités lourdes, parfois cruelles, où je pouvais retourner dès qu'un visage, un regard, un mot me transportaient dans un ailleurs que j'étais capable de bâtir en quelques secondes seulement, et où je m'arrachais volontiers du monde hostile, imperméable et étranger dans lequel j'avais si souvent la sensation de vivre mais pas d'exister; rêves interminables où j'aimais me blottir les soirs de doute, où je construisais des montagnes faciles à gravir et des vallées comme des aires de jeu et où le temps m'était devenu complètement indifférent; rêves fugaces me surprenant au détour d'un trottoir semé d'empreintes d'inconnus dont j'imaginais le quotidien où j'embrassais la vie avec désinvolture et folie, où plus rien ne me semblait compliqué, dérisoire ou inutile, et où finalement j'aurais bien décidé, en toute conscience, de passer le reste de ma vie.
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