C'est avec le coeur qu'on voit le monde


C'est une histoire d'intérieur et d'extérieur. Une histoire de meubles, de meubles avec une âme. Pour avoir atteris là, il ne peut en être autrement... Ces meubles ont vécu l'histoire. Ils savent. La femme a décidé de faire de sa vie en lambeaux un théâtre de rue. C'est le spectacle gratuit des restes de son existence qu'elle offre aux passants... Elle est tellement nue à l'intérieur désormais ... Nue au point d'avoir perdu cet attachement aux choses qui nous étreint parfois quand la vie nous pèse. Elle est tellement vide à l'intérieur qu'elle veut éprouver le néant et l'offrir aux passants volontaires ou interpellés. Un garçon et une fille s'arretent devant cette maison du dehors ... Tout est reproduit à l'identique, le lit, la commode, la table de cuisine, l'horloge, il y a même l'électricité .... C'est un jardin d'hiver ouvert sur le ciel ... Pour le jeune couple, celà ne fait aucun doute, ces meubles posés dans la cour sont à vendre. (C'est terrible, et presque pathétique de constater à quel point les histoires d'argent peuvent venir dénaturer la tragédie qui se joue là, sous leurs yeux, et qu'ils ignorent) Ils veulent acheter les restes d'une vie dont ils ne connaissent pas les félures. En bons acheteurs, ils caressent les objets, se lancent des regards avides, avides de posséder, avides d'avoir. Le garçon se laisse happer par la frivolité des tubes cathodiques, la fille rêve déjà de nuits étoilées sur le matelas violet .... Puis la femme apparait. Elle est allée acheter de quoi se remplir le crâne ... des degrés d'alcool en guise de pensées .... Ils sont deux, elle est Une ... Ils rêvent d'un petit nid à eux coquettement agencé, elle s'offre au dehors, elle n'a plus rien, même plus un rêve ... Dans un sursaut de mélancolie, elle décide de leur faire choisir un vieux 45 tours ... Le tourne disque est branché ... Dans son existence devenue si glaciale, la musique viendra peut-etre rallumer la flamme ... La scène est magique : sous le croissant de Lune, les meubles immobiles rendent cette danse encore plus folle. C'est une folle danse, une imrpobable danse entre un garçon et une fille qui se désirent comme jamais. La femme les regarde en buvant, ou boit en les regardant, peu importe, elle est happée quelques minutes par le spectacle de ces deux corps plein de vie. L'espace de cet instant qui s'étale dans le jardin, elle a oublié la mort, les doutes, les déceptions, les désillusions, les meubles trop lourds et sa vie essorée. L'espace de cet instant, et de façon fulgurante, elle s'est remplie de l'intérieur. Elle s'est remplie de vie, elle s'est remplie d'amour, par procuration peut-être, mais à cet instant, elle comprend que son coeur n'est pas asséché... L'ultime expérience lui aura permis de comprendre l'essentiel: un coeur qui bat à l'intérieur est capable, quelles que soient les blessures qu'ils a endurées, de mettre des couleurs au dehors... -C'EST AVEC LE COEUR QU ON VOIT LE MONDE- voilà la leçon que la femme leur a donné. Ils n'ont pas compris, dans la fougue de leur jeunesse, tous les messages contenus dans la scène. Malgré cette grande et belle leçon de vie, ELLE a décidé d'en finir, elle leur a laissé la place, probablement ....


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