La date: 25 mai 2013; l'heure: 17H30, le lieu (Abords du Jardin des géants, Lille, 59): assise sur les marches, regardant dans la direction du bassin central (bruits de conversation derrière).
Le temps: le ciel hésite entre pluie et éclaircie.
Les canards ont rejoint leur mère. Ils sont au nombre de quatre, identiques à quelques détails près, effectuant le même trajet, avec dans le geste l'exactitude d'un ballet d'opéra. C'est l'heure du repas: des visiteurs ont jeté croutons de pain sec et miettes de gâteaux. Pas besoin de chasser, la nourriture est à volonté et à disposition. Des enfants rejoignent le parc, l'étude est finie.
J'entends parfois des voitures qui freinent: la sortie des bureaux rend les conducteurs pressés et impatients surtout.
Nous sommes maintenant deux sur l'escalier. Le soleil l' a emporté pour quelques secondes et fait presque oublier les gros nuages noirs menaçant le timide printemps .
L'immensité n'a pas de mensurations, ce qui coule à l'intérieur de mes veines à cet instant-la a le goût du bonheur: le vrai, celui qui n'attend rien, celui qui dévore juste le présent et ne fait pas de bruit. La vie, subtile, gracieuse et presque timide s'insinue en moi et arrache à ma conscience une clairvoyance sans pareille. Mes pensées, mon corps, la pression artérielle qui régit ma circulation sanguine, le rythme de mes pulsations cardiaques n'y sont pour rien. Il s'agit juste d'une harmonie entre ici et maintenant. Une symphonie improvisée, jouée en toute liberté pour les libellules ou le vent.
J'ai su la percevoir. Sans préméditation. Je me suis fait surprendre par l'intensité de la vie dans ce qu'elle a de plus grandiose et de plus simple.
Je sais qu'à ce moment-la, j'ai été heureuse.
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