Le jour d'avant



"Songe après songe, tu me manques.
Jour après jour, j'y songe."

Je suis là, je ne fais aucun bruit, doucement je m’avance vers la nuit. J'écoute. Chaque notes semblent transpercer ma peau pour atteindre mon cœur. Je me laisse emporter doucement. Je n’ai pas froid. ni sommeil, même pas faim, je n’ai pas peur, je n'ai rien à faire, juste assis dans le noir à écouter cette mélodie qui m’emmène dans un doux rêve. C’est tout, et c’est tout simplement énorme.
Un rien semble me rendre heureux. Je suis heureux, je n’ai pas sommeil et je n’irai pas dormir. Parce qu'en attendant, je préfère rêver. Pas d’un nouveau monde, le mien est suffisant. Non juste un rêve inconnu, partir à l’aventure, écrire encore un nouveau chapitre à ma vie sur une page totalement vierge, neutre, m’enivrer de nouveaux mots et de nouvelles situations. Se donner encore à la vie.
Le rêve est en marche. Je le sens, son parfum flotte encore dans la pièce. Une formidable histoire, puisqu'on s’y retrouve heureux, des frissons parcourant mon corps de la tête au pieds, j’en ressens des sensations sans noms. Grâce à ça, grâce à lui.

Cette musique m’emporte, je suis comme envouté, tout mon corps est au garde à vous, je rêve de pleins d’autres milliards de belles choses. Je suis heureux, et j’ai envie de le crier jusqu’à réveiller la nuit ! Les étoiles filantes éclairent ce ciel sombre, je peux avancer, je ne suis plus seul, je me sens vivant.
Je rêve en boucle comme un vieux disque rayé. J’ai laissé deux minutes ma conscience entre les volutes de fumée de cette nuit de sensualité solitaire, j’ai brulé ma clairvoyance au prix de ces cigarettes gâchées. Le temps est parait-il assassin, demain matin sera peut-être un point d’interrogation : quel sera mon prochain rêve ? avec lui ? et vais-je repartir encore ?
Qu'importe. Pour le moment, j’ai envie de me vendre au diable, ne plus avoir d’âme, ne plus avoir d’arme, si je peux continuer à vivre ce moment éternellement.

Pablito (Toni)



Elle est sortie du lycée abasourdie par les théorèmes,les citations, les preuves par trois, les versions latines et les notes sur 20.
De retour dans son petit village, celui qui la rassure, celui qui lui fait chaud au coeur, elle est allée s'asseoir près du ruisseau sur le petit rocher, là, juste à côté de la maison d'Ernestine.
Ernestine, c'est la doyenne du village, la mémé à qui on raconte tout. Elle a toujours un mot qui fait du bien pour ceux qui ont la patience de l'écouter.
C'est donc ici qu'Agathe se sent le mieux : assise sur le rocher, à côté de la maison d'Ernestine.
Ce soir, elle en a bien besoin... Ce rocher, c'est un peu un lieu de TRANSITION ... C'est là qu'elle dépose ses valises d'ennuis, ses sacs d'angoisses et son parapluie de larmes. Ernestine le sait.
Oublier cette journée trop rationnelle pour son coeur assoiffé de rêves ...ôter de sa mémoire les sourires forcés, les mots vides, le théatre du monde ...
Agathe veut VIVRE en lettres capitales d'imprimerie.
Agathe veut se fondre dans l'existence armée de ses cinq sens : sentir, goûter, voir, entende, toucher sont ses verbes préférés.
Il y a longtemps qu'elle a appris le secret: les verbes, les vrais, ne sont pas ceux qui sont couchés comme des statues dans le Bescherelle, les verbes sont des étincelles d'existence que l'être humain anime et fait danser.
Et ces verbes là sont sacrés !
Ressentir ou mourir, il n'y a que cette alternative qui compte.
Le jour commence à décliner, les ombres disparaissent petit à petit, l'orangé-bleuté du jour tombant l'ennivre.
Agathe marche d'un pas léger, traversant ce village réconfortant et doux à la fois.
Agathe marche sur le temps suspendu, se moque éperdument de l'heure qu'il est, de la température ambiante et de la pression atmosphérique.
Elle marche, et ses pensées dansent ...DEMAIN...
Ce demain-là vient de lui coller un large sourire et lui pique les yeux.
Ce demain-là lui fait battre le coeur un peu plus fort encore.
Ce demain-là innonde toutes ses pensées, s'immisce dans son sang, jusqu'à la moindre de ses cellules.
DEMAIN habite son corps tout entier.
Agathe est légère...elle avance, elle avance ... et aux extrémités de son regard défilent les arbres, les maisons, les nuages.
Elle est embarquée dans cette pulsion de vie qui lui ferait embrasser le ciel, la terre et les arbres...
Elle a tout oublié, sauf DEMAIN....
Ivre de vie, elle s'arrête quelques instants pour dévorer ce qu'elle ressent.
Ernestine n'est pas loin, le ruisseau, le rocher, tout cela forme un oreiller de plumes sur lequel elle pose sa tête en liesse.
Elle ferme les yeux.
DEMAIN est à portée de rêves, la nuit bleu-turquoise promet ....

Roman (Severine)



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