Dehors le vent souffle. Des gouttes de pluie s'abattent sur les vitres, la grisaille assombrit son bureau. Elle est seule, mais dans sa tête, des milliers de pensées s'amoncellent. Et à force, ça commence à peser lourd ... Elle voudrait être DANS la vie ... cesser pour un temps de tourner et retourner des états d'âmes piquants et brûlants. VIVRE. Se fondre dans le présent, dévorer les minutes sans en être consciente, savourer les secondes minuscules qui rythment son existence sans qu'elle s'en rende compte. Faire taire le tic tac de sa vie, s'immerger dans l'existence et s'en remplir jusqu'à la lie.
Mais aujourd'hui, cela lui semble impossible ... La valse de ses méninges ne cesse de l'étourdir, elle ne se sent plus capitaine à bord. La danse l'entraîne dans un monde irréel mais bien pesant. Et l'avenir qui n'est finalement qu'un leurre, vient se rappeler à elle. Un avenir toujours menaçant, et ça la trouble, ça l'angoisse...
Elle ferait n'importe quoi pour échapper ne serait-ce que quelques minutes de cette machine-à-penser qui pèse sur sa vie. Elle voudrait n'être qu'elle-même et s'abreuver de l'existence tout simplement ...
Plongée dans ses pensées, les coudes sur la table, elle n'entend même pas que la porte vient de s'ouvrir ... La pièce n'existe plus, elle s'est envolée sur un territoire hostile, victime de sa propre intériorité. Elle s'est échappée malgré elle de sa propre vie.
Il se tient là, contre la porte. Le chien n'a pas aboyé, il remue la queue, heureux de voir un peu de vie dans cet appartement. Il n'ose pas l'interrompre, la surprendre, elle a l'air tellement loin ! Et elle est loin, très très loin ... Perdue dans un océan de pensées, immergée dans une mer d'angoisses, secouée par des vagues de peurs insensées.
La porte s'est refermée. Le chien est retourné sur son tapis . La pluie s'est arretée. Une larme coule sur sa joue, elle a échoué une fois de plus sur ce territoire hostile. Elle s'en veut terriblement, elle voudrait tant se laisser embarquer légère par le vent de la vie ...
Le voyage a cessé. Elle aperçoit, sur le rebord de la fenêtre une enveloppe qui ne ressemble pas à celles qu'elle a l'habitude de recevoir. Elle est ornée d'une écriture manuscrite et d'un timbre de collection. Elle saisit le morceau de papier, s'empresse de l'ouvrir et en tire délicatement une carte postale.
Sur le papier quelques mots simples, dont elle saisit la poésie cependant. Elle se surprend à sourire, un sourire solitaire mais terriblement vivant : son ami pense à elle.
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