Dimanche après-midi


Exil on Main Street des Rolling Stone résonne dans tout l'appartement. Dans un canapé fatigué par le temps et par d’innombrables kilomètres de fesses passées par-dessus, trône un buveur de rhum. Verre à la main, il remplit ses pensées. Il y a aussi une vieille chatte couchée sur un fauteuil abandonné dans un coin du salon. Dans la salle de bain, une autre personne se tient debout devant le lavabo qui, dégoulinant de peinture jusqu'au bout des ongles batifole avec un gant de toilette. Dans la buanderie, la machine à laver vient de se mettre au travail. Il y a des pinceaux tombés au sol, et les taches de peintures ont rythmées l'après-midi. La table basse est en bordel, mais cela ne fait rien parce que la fenêtre est grande ouverte, alors on respire. Elle donne sur un petit jardin, tout juste assez grand pour supporter quelques touffes de mauvaises herbes. L'important, c'est de respirer, ce n'est pas un paysage formidable, mais ce sera suffisant pour s'ouvrir à bien des idées. Les dimanches après-midi, des voisins endormis jonchent les fenêtres, comme des rescapés d'une nuit alcoolisée. D'autres trouvent le temps long assis à la table familiale. Certains jardinent avant de rejoindre Michel devant leur télé. Au milieu de tout ça, dans une sorte de bulle invisible, il y a chez nous. Une véritable petite porte vers l'évasion. Toutes ces conneries du boulot, de rêves déchus et autres problèmes personnels ont totalement disparus. Tout ça, c'est très loin lorsqu’il ne reste que la douceur d'un pinceau frais qui glisse sur la peau. Et les minutes de notre joli petit dimanche après-midi, savent parfaitement qu’elles vivront encore d'heureuses suspensions du temps.
Ce temps de fuir pour nous prouver que nous sommes en vie...






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