Je m'étais réveillée en sueur, les cheveux dressés, les yeux embrumés. Vite, il fallait vite quitter ce lit, ces bras lourds et le tic tac assommant du réveil.
Je longeais le couloir sombre de cette grande maisons vide, inconnue. Le pyjama froissé, la démarche incertaine, je me dirigeais vers une porte entrouverte.
J'en saisis la poignée, comme on tourne la page d'un livre, avec précaution et curiosité.
C'est alors que je découvris une pièce désertée. Seules une table et une chaise indiquaient qu'il y avait eu un semblant de vie derrière ces murs moisis : une vie envolée, disparue, anéantie.
Je m'asseyais sur la chaise boiteuse et découvrit sans surprise une gigantesque feuille blanche, recouvrant cette table, le sol et tous les murs de la pièce. Une gigantesque feuille et un crayon minuscule.
Je savais que l'heure était grave: il fallait que j'écrive pour respirer, sinon j'étais condamnée à mourir étouffée par le néant du non-dit, étouffée par la gigantesque feuille blanche. Je devais à tout prix saisir le crayon, trouver les mots, et écrire. Écrire ou mourir. Alternative angoissante, non négociable, aucune dérogation possible.
Il faisait froid, mon cœur battais dans le vide. Aucune envie, aucun souvenir, plus de désirs, aucun rêve à construire. Le néant pour seule intériorité. Plus de petite voix pour me dicter secrètement les mots, plus d'imaginaire pour réinventer le monde. RIEN. Un rien terrifiant, un néant absolu, laissant ma main inerte devant l'immensité de cette feuille blanche.
Comment avais-je pu en arriver à ce point zéro de la pensée ?
Où flottaient mes rêves, mes souvenirs, mes espoirs ?
J'étais seule avec ma main condamnée à l'immobilité si rien ne se passait.
Jamais je n'avais côtoyé le rien, je ne connaissais pas son visage, il ne me disait rien. Un rien muet et terrifiant habitait cette pièce blanchie d'un papier à noircir si je voulais vivre.
Les yeux fermés, je tentais de retrouver un mot, un souffle d'idée, une virgule de pensée. RIEN.
Je me décidai à me lever, il était maintenant plus de 17 heures et je devais avoir écrit avant le tombée de la nuit si je voulais sortir vivante de cette maison.
Au bout de la pièce, il y avait une autre porte. Énorme, imposante et rouge. D'un rouge absolu, profond, jamais vu ailleurs, un rouge incroyablement attirant. J'ignorais ce qui se trouvait derrière mais comme toute peur m'avait abandonnée, je l'ouvris, laissant derrière moi la gigantesque feuille blanche.
Derrière cette porte, un monde différent s'offrit à mon regard. D'emblée je m'y sentis apaisée. Sur les murs colorés je posai mes mains, les yeux ébahis par tant de douceur et de chaleur.
Dans un coin était posé un coffret en bois vieilli que j'ouvris sans retenue. J'y découvris une minuscule clef, posée sur un velours opaline. Je la pris délicatement et me dirigeai vers l'armoire cabossée qui me faisais désormais face. Je ne l'avais pourtant pas vue tout à l'heure, elle m'était apparue.
Je l'ouvris, presque mécaniquement, comme si une main puissante guidait mes gestes. A l'intérieur, en cinémascope, s'y jouait le film de ma vie. Une petite télévision des années soixante diffusait les épisodes de mon existence ; enfance, adolescence, bonheurs, retrouvailles, déchirements, blessures, trahisons, surprises et effusions, sublimées par La méditation de Thaïs de Massenet, bande originale mélancolique
et pleine de vie à la fois.
Des larmes envahirent mon regard et en l'espace de quelques secondes des émotions fortes, inconnues, inédites s'invitèrent à la table de mon cœur. Et une envie de vivre plus intense que jamais me saisis jusqu'à me faire courir à toutes jambes à la rencontre du crayon et de l'immense feuille de papier. Ressentir ou mourir, je crois que j'avais choisi.
Je longeais le couloir sombre de cette grande maisons vide, inconnue. Le pyjama froissé, la démarche incertaine, je me dirigeais vers une porte entrouverte.
J'en saisis la poignée, comme on tourne la page d'un livre, avec précaution et curiosité.
C'est alors que je découvris une pièce désertée. Seules une table et une chaise indiquaient qu'il y avait eu un semblant de vie derrière ces murs moisis : une vie envolée, disparue, anéantie.
Je m'asseyais sur la chaise boiteuse et découvrit sans surprise une gigantesque feuille blanche, recouvrant cette table, le sol et tous les murs de la pièce. Une gigantesque feuille et un crayon minuscule.
Je savais que l'heure était grave: il fallait que j'écrive pour respirer, sinon j'étais condamnée à mourir étouffée par le néant du non-dit, étouffée par la gigantesque feuille blanche. Je devais à tout prix saisir le crayon, trouver les mots, et écrire. Écrire ou mourir. Alternative angoissante, non négociable, aucune dérogation possible.
Il faisait froid, mon cœur battais dans le vide. Aucune envie, aucun souvenir, plus de désirs, aucun rêve à construire. Le néant pour seule intériorité. Plus de petite voix pour me dicter secrètement les mots, plus d'imaginaire pour réinventer le monde. RIEN. Un rien terrifiant, un néant absolu, laissant ma main inerte devant l'immensité de cette feuille blanche.
Comment avais-je pu en arriver à ce point zéro de la pensée ?
Où flottaient mes rêves, mes souvenirs, mes espoirs ?
J'étais seule avec ma main condamnée à l'immobilité si rien ne se passait.
Jamais je n'avais côtoyé le rien, je ne connaissais pas son visage, il ne me disait rien. Un rien muet et terrifiant habitait cette pièce blanchie d'un papier à noircir si je voulais vivre.
Les yeux fermés, je tentais de retrouver un mot, un souffle d'idée, une virgule de pensée. RIEN.
Je me décidai à me lever, il était maintenant plus de 17 heures et je devais avoir écrit avant le tombée de la nuit si je voulais sortir vivante de cette maison.
Au bout de la pièce, il y avait une autre porte. Énorme, imposante et rouge. D'un rouge absolu, profond, jamais vu ailleurs, un rouge incroyablement attirant. J'ignorais ce qui se trouvait derrière mais comme toute peur m'avait abandonnée, je l'ouvris, laissant derrière moi la gigantesque feuille blanche.
Derrière cette porte, un monde différent s'offrit à mon regard. D'emblée je m'y sentis apaisée. Sur les murs colorés je posai mes mains, les yeux ébahis par tant de douceur et de chaleur.
Dans un coin était posé un coffret en bois vieilli que j'ouvris sans retenue. J'y découvris une minuscule clef, posée sur un velours opaline. Je la pris délicatement et me dirigeai vers l'armoire cabossée qui me faisais désormais face. Je ne l'avais pourtant pas vue tout à l'heure, elle m'était apparue.
Je l'ouvris, presque mécaniquement, comme si une main puissante guidait mes gestes. A l'intérieur, en cinémascope, s'y jouait le film de ma vie. Une petite télévision des années soixante diffusait les épisodes de mon existence ; enfance, adolescence, bonheurs, retrouvailles, déchirements, blessures, trahisons, surprises et effusions, sublimées par La méditation de Thaïs de Massenet, bande originale mélancolique
et pleine de vie à la fois.
Des larmes envahirent mon regard et en l'espace de quelques secondes des émotions fortes, inconnues, inédites s'invitèrent à la table de mon cœur. Et une envie de vivre plus intense que jamais me saisis jusqu'à me faire courir à toutes jambes à la rencontre du crayon et de l'immense feuille de papier. Ressentir ou mourir, je crois que j'avais choisi.
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