Tout droit sorti de mon rêve


J'arrive dans cet endroit coutumier...l'école dans laquelle je travaille. Les enfants ne sont pas là, seuls quelques adultes errent dans des couloirs que je ne reconnais pas.
Aujourd'hui, je n'ai pas de cartable, les mains nues, je m'aventure dans ce lieu à la fois étrange et familier.
Personne ne me remarque. Pas un mot ne s'échappe d'un mur, d'une porte ou d'une bouche. Le silence. J'vance lentement, me tenant compagnie, n'écoutant que le silence, l'immense et désertique silence.
Tout à coup, sur ma droite, une porte s'ouvre : cet homme roux et élancé, je le connais, mais cette fois pas un mot, pas un regard, pas un sourire. L'endroit est sombre, mais derrière lui, se donne un spectacle grandiose... une lumière que je n'ai encore jamais vue innonde la cour de l'école, une lumière du=ouce et violente à la fois; dans laquelle se baignent des enfants jouant et criant.
Je flotte, j'ai la sensation de n'être plus qu'un regard: un regard immanquablement attiré par ces couleurs douces, chaleureuses et inconnues.
Je reconnais la cour que je traverse depuis des années pour aller prendre le café de dix heures.: un petit banc là, sur la gauche, le préau sous lequel je me trouve encore et plus loin, les buissons.
L'heure a tourné, la récréation est terminée. Je corise les enfants, les maîtresses; personne ne me voit, ou alors tout le monde m'a oubliée...
J'avance dans la cour, je ne suis qu'un regard, un regard et un coeur à la fois anxieux et émerveillé. En arrière plan, des petites touches de couleur, comme un tableau de Monet : couleurs pastel, les maisons voisines ...
Un pas plus loin, je découvre un paysage doux comme le coton, un paysage qui m'attire irrémédiablement. En contre-bas, les maisons se sont envolées pour laisser place à une étendue d'un bleu pâle piqué de petites touches brunes et noires... Cette merveille 'nest accessible que si je me décide à descendre pour embrasser enfin cette douceur pastel.
Les tâches brunes deviennent bateaux, la mer s'étale à perte de vue. Quelques pas plus loin, un villange romantique s'offre à mon regard : maisons attachées aux collines, murs rosés et arbres minuscules . Je me retourne : un monument gifgantesque se tient là, majestueux, au milieu de l'eau . C'est à la fois une église, une mosquée, un minaret, un temple. Je ne l'ai jamais vu, nulle part . Il est intouchable et mystérieux, il inspure le respect, l'admiration et le silence.
Je n'ai pas oublié mon troisième oeil: mon appareil photo a déjà intégré dans sa mémoire ce spectacle époustouflant.
Soudain, je reprends pied: l'heure a tourné, la vie a continué, le temps a passé. Je change de trajectoire et je réalise que le bâtiment qui fait face à ce monument fantastique, c'est mon école. Une école que je redécouvre, une école que je n'ai encore jamais vue. Le bâtiment est magnifique, mais intrigant par sa longueur.
Je remonte la pente et je retourne au travail. Les enfants ne m'ont pas attendue, l'homme roux a disparu.
Dans une petite pièce sombre sur ma droite, des femmes à talons hauts et décoletés plongeant discutent. Il se dégage des ondes inquiétantes de cet endroit calfeutré.
Je leur fais face... J'oublie ce paysage estival vers lequel je m'étais embarquée avec tant de légèreté. Je ne pas un mot, je m'engouffre dans un gros pulle de laine et d'alpaga anthracite. Elles me regardent en se moquant, des sorcières de beauté, voilà ce qu'elles sont. Même celle-là, toute vêtue de rose me fait frissonner malgré le sourire qu'elle afffiche. C'est indéniable: c'est un sourire en toc.
Je fais demi-tour, je sors de la pièce aux sorcières, j'ouvre une porte inconnue. Aucune trace des enfants. A gauche, un couloir couleur saumon immonde et des classes dans lesquelles se déroulent des expériences chimiques inédites: des vapeurs inquiétantes, des hommes à lunettes, des livres entiers tapissés d'équations qu'eux seuls pourront résoudre.
Pas un cri d'enfant, pas une bille qui roule, pas une égratignure au genou ...Un couloir pour adultes savants et au milieu, une maîtresse sans lunettes, juste protégée par un pull de laine et d'alpaga anthracite...


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