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16h30. Le ciel teinté de gris lui serre le coeur alors même que les étoiles et autres guirlandes de Noël illuminent la rue. Elle ne les voit pas.
17h. Elle retrouve la cuisine comme elle l'a laissée ce matin: la vaisselle de la veille, le sac poubelles qui n'est toujours pas sorti, les miettes de biscotte du petit-déjeuner.
17h01. Une énorme lassitude étreint son corps, une force vive, puissante qui prend possession de son âme toute entière. Il ne lui reste plus rien à quoi s'accrocher, même une minuscule parcelle de folie lui suffirait pour tenir encore debout. Mais rien, plus rien ne l'emballe. Elle est éteinte et entièrement soumise à l'indiscible sensation de vide qui l'habite.
17h15. Elle a rejoint le canapé rouge dans le salon. Blottie sous une couette couleur ciel étoilé, elle se laisse embarquer par une multitude d'idées empoisonnées qui s'emmêlent et s'insinuent dans la moindre parcelle de son être.
19h. Son corps a lâché: elle s'est endormie malgré l'invasion barbare d'idées noires. Elle s'est offert une parenthèse, elle s'est allongée sur un champs d'infinis possibles. Parce que son royaume à elle est invisible, caché derrière ses paupières fatiguées. Parce que rien ni personne ne peut atteindre le trésor qu'elle tient là bien à l'abri.
21h. Dans le silence de sa maison, elle ouvre les yeux. Pendant quelques secondes, elle oublie la bataille sanglante qui vient d'avoir lieu à l'intérieur de sa tête. Elle est encore derrière ses paupières, elle est encore corps et âme abandonnée à un ailleurs dont elle seule possède la clef.
21H10. Ses peurs l'ont rejointe, elle n'a pas réussi à les tenir hors de portée plus longtemps. Elle se lève, résignée à vivre cet enfer dont elle est le personnage principal dans le théâtre de son propre être.
Il y a pourtant tant d'appels à la vie dans son décor : des pages à remplir, des tissus à assembler, des possibles à définir ... Mais elle n'a pas la force de passer à l'acte. Elle se sent impuissante dans ce corps en vrac et terriblement fatigué.
21H30. Le téléphone sonne. Elle ne décroche pas ,elle préfère ne pas avoir à jouer la comédie cette fois. Elle veut juste être seule, et dormir.
21H45. Elle en arrive à se détester : tout ce temps rien que pour elle, elle n'en a rien fait. Elle tourne en rond dans son salon et dans sa propre existence. Et pourtant elle a les doigts capables de bâtir, les mains prêtes à caresser sa vie, le coeur avide de passer le cap, les idées qui ne demandent qu'à traverser le petit pont de pierres qui surplombe ses peurs les plus tenaces.
22H. Elle se dit déjà que demain le même scénario se reproduira, que toute la journée, au travail, elle imaginera comment insuffler un air nouveau à son existence, comment se fabriquer de petites bulles grisantes, comment oser enfin assassiner ses peurs. Et elle sait déjà que demain, la lassitude, l'épuisement et l'immensité de ses doutes la ramèneront au point zéro de ses résolutions.
22H25. Ca lui fait mal au ventre. Ca tape comme une tempête. Ca inonde son monde intérieur.
23H. Le téléphone sonne à nouveau. Cette fois elle décroche. Au bout du fil, les mots qu'elle n'attendait pas, la voix qui la surprend, la vie qui prend tout son sens : "je viens de lire ton petit livre, il faut écrire, c'est la vie, c'est ta vie !"
La sensation est délicieuse, d'autant plus exquise que c'est lui qui a pris le téléphone.
A l'autre bout du fil, l'homme ignore à quel point, désormais, elle se tiendra en équilibre sur ces mots-là.
Pavlito ?
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